Voilà une recette inratable et vraiment minimaliste tout en restant originale. La première fois que j’ai mangé du cochon au cola c’était à Madagascar, j’étais assez sceptique mais finalement cela s’est révélé pas mal du tout. Après, pas de quoi crier au génie non, c’est basiquement du cochon confit dans du caramel. Mais ce qui est vraiment astucieux, c’est qu’avec un seul ingrédient (le coca) on arrive à créer très simplement une sauce plus complexe qu’avec des ingrédients traditionnels.
Bref, une petite recette fond de tiroir ou fin de mois difficile. En plus je sais qu’il existe des gens qui aiment le Coca. Moi perso, j’aime pas du tout. Mais avec du cochon ou du whiskey ça passe.
Ingrédients:
- du gros PORC (si possible, un morceau bien persillé style échine ou côtes)
- du Coca Cola (ou un petit Pepsi si vous préférez) mais si possible pas light hein ?
- en option, tout ce que vous voulez rajouter… moi j’ai mis des graines de coriandre, une sauce soja à la place du sel (pour rajouter encore au côté black) et deux échalottes… dans les faits c’est un peu comme vous voulez. (Bonne vanne: mettez du whiskey d’ailleurs. Pour faire un cochon d’after. En plus c’est bon. C’est forcément bon quand on ajoute de l’alcool, la cuisine c’est vraiment pas compliqué)
Budget: 3€ personne à tout casser (et même au Daily Monop’), sauf si vous faites ça avec du cochon de Bigorre, mais dans ce cas vous êtes complétement cons, mais j’aime l’esprit.
Vous pouvez utiliser une casserole ou une poêle… mais l’idéal est d’avoir un couvercle car cochon oblige, ça va mijoter un peu.
Commencez par faire revenir à feu très doux votre cochon dans un peu d’huile ou de beurre. TOUT DOUX le feu hein ? On est pas pressé.
Au bout d’un moment, vous obtiendrez un truc comme ça, bien caramélisé et doré sur les deux côtés, pas encore cuit à l’intérieur.
Vous rajoutez en vrac tout le bordel que vous aurez décidé d’y foutre en gueulant YOLOOOOOO.
Et vous couvrez le tout avec un couvercle et vous laissez mijoter à tout petit feu pendant 45 bonnes minutes. Plus c’est long, plus la viande va s’attendrir et s’imprégner de la sauce. En parallèle, plus la sauce va s’épaissir et se concentrer. Bref, ne soyez pas trop pressés ! C’est aussi bien d’avoir choisi un morceau un peu (trop) gras pour que la viande ne soit pas (trop) sèche.
Et voilà !! La viande devient noire de façon assez spectaculaire. Couleur que j’ai renforcée ici en rajoutant de la sauce soja à mon Coca (je l’ai déjà dit plus haut mais je suis sûr qu’il y a des petits malins qui sautent des paragraphes).
A l’intérieur, c’est tout confit, parfaitement sucré mais avec aussi une petite pointe d’acidité qui passe très bien. Bref, en gros le Coca contient tout ce qu’il faut pour une bonne petite sauce, sauf le sel.
Le Coca-Cola
Tout le monde connait plus ou moins l’histoire du Coca-Cola, un médicament, un pharmacien, Atlanta, de la cocaïne, blablabla… On va éviter d’enfoncer des portes-fenêtres ouvertes. De toute façon il y a des kilomètres de choses à dire sur le Coca Cola donc je vais me concentrer uniquement sur deux thèmes qui me sont chers: les nazis et les invertébrés.
Chapitre 1: le Coca-Cola et les nazis
Pour commencer :
AAAAACH LE PON FIEU TEMPS. A l’époque, le troisième Reich représentait le deuxième marché pour le Coca-Cola avec plus de 100 millions de bouteilles, juste derrière les US. Avec environ 65 Millions d’habitants, cela fait une bouteille et demi par tête de nazi. Pas mal pour un lancement européen.
Robert Woodruff, c’est le mec qui dirigeait le groupe entre 1923 et 1954. En 1928, il se fait inviter à deux petites sauteries organisées par Göring et Goebbels. Rob a vite senti qu’il allait falloir compter sur ces p’tits gars débrouillartds et accompagné de Max Keith (CEO Coca-Cola-Allemagne-Nazie) ils décident de cibler avec précision tous les articles consacrés au Führer ou du parti en général dans la presse en y accolant systématiquement leurs publicités.
En 1936, Coca-Cola est absolument partout lors des JO. Les affiches sont tellement hallucinantes qu’on dirait des montages. D’ailleurs d’après Canard, c’est un montage.
Après quelques années de roucoulades, la guerre est enclenchée. Pour Rob’, c’est carrément la déchauffe. Göring impose l’auto-suffisance pour l’Allemagne en 1939 ce qui interdisait les exportations de sirop vers l’Allemagne. De toute façon, avec l’entrée en guerre de la France et de l’Angleterre, ça devenait bien galère de ravitailler leurs copains les nazis. Woodruff se fend d’un désormais légendaire « C’est vraiment trop badant » et convoque Max Keith. Une seule solution: si le sirop ne pouvait être amené en Allemagne, il devait être fait en Allemagne. Keith se retrouve en tête à tête avec William Heath (gardien de la formule chimique secrète depuis 20 ans) qui va lui refiler le secret de la potion magique. Et c’était loin d’être imprévu, car ledit William avait été envoyé en séjour linguistique en Teutonie dès 1938 avec une mission secrète: se renseigner sur toutes les matières premières disponibles en Allemagne.
Sauf qu’une partie du mélange n’était pas réalisable sur place (le 7X). Du coup, pendant des mois et des années, la compagnie américaine a dû s’ingénier à livrer l’Allemagne nazie en plein blocus. Les cargaisons de 7X qui passaient par des fausses compagnies transitaient alors par l’Italie, la Suisse et la Roumanie. La marchandise n’a jamais été facturée et elle était inscrite dans les livres de compte comme « perdue » ou « inutilisable ».
Mais cette stratégie avait ses limites car à partir de 1940, elle était devenue intenable. Coca-Cola voulait rester dans son premier marché européen. Il fallait dont inventer un ersatz à partir de produits locaux… le Fanta.
La boisson eut un succès immédiat en surfant sur le nom Coca-Cola qui était mis en avant dès le lancement. Entre 1942 et 1945, Coca-Cola GmbH arrivait à produire ses 100 millions de bouteilles en toute détente. Malgré les restrictions sur quasiment tous les produits. En fait, dès 1941, Coca-Cola GmbH était devenue fournisseur officiel des troupes du Reich. Ce statut convointé lui permettait d’échapper aux restrictions sur le sucre et à la réquisition de son parc automobile. Et puis aussi de bénéficier des Fremdsarbeiter (les 9M de travailleurs forcés des territoires occupés). Sooooo hübsch ! Mais pas fous non plus chez Coca-Cola, par ce que pendant que Max Keith se démenait à livrer des canettes fraiches aux fiers soldats aryiens, Ben Oelhert mettait en place l’exacte même stratégie avec l’armée américaine. Après tout, pourquoi s’emmerder à choisir un camp ?
C’est d’ailleurs ce qui a complétement sauvé leur image. Le Coca-Cola qui protégeait le moral des troupes américaines libératrices. Le Coca-Cola symbole de liberté. D’ailleurs, c’est fou le nombre de gens qui s’imaginent qu’à l’instar du Chewing Gum, le Coca est arrivé avec l’armée américaine. La compagnie s’est d’ailleurs évertuée à surfer sur ce mythe dans les années qui ont suivi.
Pendant toute la période, le petit Max s’en est quand même bien tiré. Profitant de ses contacts, il se voit nommé en 1941 au Bureau des Biens Ennemis. Keith devient ainsi successivement administrateur de la zone des Pays Bas, de l’Italie. Puis dès 1942 de la Norvège, de la Belgique et du Luxembourg. La même année, il devient même administrateur de la Société Française des Breuvages Naturels (seul petit soucis, le nom Fanta passe hyper mal chez nous car trop allemand, donc il lancera quasiment le même ersatz mais sous le nom de Cappy).
Naturellement, Max Keith échappe à tout procès, garde le plein contrôle des opérations d’une petite bouteille mythique qui est désormais symbole de la libération et de l’Amérique, pète les records de ventes et la firme installe son siège allemand dans les années 80 à Essen, dans une petite rue sobrement appelée Max Keith Str.
Bon plus récemment, une campagne un peu marrante de Coca-Cola à l’occasion du dernier SuperBowl promettait de transformer la haine en amour. En gros, si vous trouviez un tweet haineux, il suffisait de le signaler d’un #MakeItHappy pour que le compte de Coca-Cola transforme le message de haine en dessin tout KAWAI avec les mots du vilain méchant message. Un dénommé Gawker a sauté sur l’occasion et a créé un bot Twitter qui postait la totalité de Mein Kampf à coups de messages de 140 caractères avec le Hashtag qui va bien. Ce qui a déclenché une supeeeeeerbe tempête de tweets un peu limite de la part de Coca-Cola et la fin de la campagne. C’est marrant, il y a quelques décennies, ça serait passé pour un coup de génie.
Pour toutes ces charmantes histoires de nazis, je vous recommande l’excellent ouvrage Coca-Cola l’enquête interdite de notre compatriote William Reymond.
Chapitre 2: le Coca-Cola et les vers
Si vous tapez « Coca Cola et cochon » sur internet, vous risquez plus de tomber sur un bon gros hoax que sur une recette de cuisine. De nombreuses vidéos et moultes sites prétendent que si vous faites tremper du porc dans du Coca, au bout de quelques minutes vous allez retrouver plein de larves et de vers à la surface de votre cotelette. On trouve pas mal de vidéos un peu crade avec un avant/ après bien fake et des petits asticots tout noyés dans le Coca Cola qui sortent du morceau de cochon. Et puis, comme d’habitude, avec des caméras de GameBoy Color et en bougeant siouplé.
Cette légende urbaine a été débunkée dès 2004 par le site break the chain (malheureusement fermé depuis) mais elle a la peau dure et continue à circuler. Elle emporte pas mal de commentaires enthousiastes (surtout sur Youtube) de jeunes à l’orthographe approximative qui se félicitent de ne pas pouvoir manger de porc pour des raisons météorologiques et qui s’écharpent avec des gens qui eux préfèrent manger du cochon, qu’il pleuve ou qu’il grêle. (Ce qui donne lieu à des débats de très haute volée intellectuelle comme vous pourrez le constater dans les différents commentaires des vidéos).
Personnellement, j’ai un peu du mal à comprendre la logique du raisonnement. Je m’explique: si on me prouve par A + B qu’en versant du Coca sur un morceau de viande, les trois asticots peinards à l’intérieur sortent en panique (au bout de quelques minutes!!) pour mourir dès le premier contact avec la boisson… je pense que je m’inquiète d’abord de l’effet du Coca sur mon propre corps avant de paniquer au sujet d’une possible ingestion de 4 vers d’un trentième de gramme. Mais bon, je suis visiblement le seul.
Je crois bien que l’affiche nazie est un fake:
– Fait essentiel: la police Helvetica n’existait pas en 1936 (même en Allemagne) – elle est née en 57 (« comme ta mère » tu vas me dire)
– Il manque un tréma sur le a de Getrank (que je ne puis reproduire avec mon clavier QWERTY a cet instant précis)
– L’espace entre Reich et « ein » est douteux.
Je vais de ce pas m’envoyer un p’tit coca pour me féliciter de ce fin travail de limier.
ya effectivement moyen, j’ai cherché partout et on la trouve sur plein de site, mais toujours la même, penchée de la même façon.
Par contre sur ebay il y a des kilos de pin’s coca cola JO 36 http://www.ebay.fr/itm/PINS-COCA-COLA-JEUX-OLYMPIQUES-BERLIN-1936-/252057976213
Bel objet collector, pour les amateurs du genre.
Je note également la présence sur internet de coques iPhone « JO 1936 » comme quoi les organisateurs étaient vraiment visionnaires.
https://www.google.co.uk/search?q=coque+iphone+jeux+olympiques+1936&safe=off&espv=2&biw=1406&bih=816&source=lnms&tbm=isch&sa=X&ved=0ahUKEwiyl8vz1-3KAhXH7g4KHTG2AwoQ_AUIBigB#imgrc=_
Peut être que le mec qui avait rédigé l’affiche avait aussi un clavier qwerty?