Ha yo ! Fou afez cru qu’on afait tisparu hein ?
Euh excusez-moi : vous avez cru qu’on avait disparu, hein ? Hé bien non. Nous avons simplement droit à des vacances également. Oui, comme vous, comme tout le monde. Mais ne nous leurrons pas. Qui dit vacances dit rentrée. Qui dit rentrée dit septembre. Et qui dit septembre dit octobre.
Et en octobre, c’est ? C’est ? C’est LA FÊTE DE LA BIÈRE A MUNICH. Oui messieurs-dames ! Et comme on est prévoyant, on a décidé de prendre un peu d’avance et de se préparer dès maintenant avec une délicieuse spécialité culinaire germanique : le BRETZEL.
Vous remarquerez cependant, si vous êtes un fin limier, que j’ai commencé ce post avec une expression typiquement alsacienne. Et oui, tout simplement parce que le bretzel, s’il est originaire du sud de l’Allemagne, est également très présent en Alsace. Je sais : j’y étais il y a deux semaines, et je peux vous dire que j’en ai bouffé, des kilomètres de bretzel. Faut dire que c’est le seul truc sans porc qu’on trouve là-bas, sinon ils foutent au moins des lardons, et au pire des jarrets de porc entiers PARTOUT.
Bref, tout ça pour dire : le bretzel.
Ingrédients :
Pour la pâte à bretzel
- 500 grammes de farine
- 300 ml moitié eau / moitié lait
- 1 sachet de levure boulangère
- 1 cuillère à café de sel
- 1 cuillère à soupe de sucre
- 30 grammes de beurre
Pour le pochage
- 1,5L d’eau bouillante
- 50 g de bicarbonate de soude
- 8 g de sel
Pour la finition
- Un jaune d’œuf
- Fleur de sel de guérande
1. La pâte à bretzel
Bon, c’est une recette hyper simple. D’abord, vous faites tiédir un peu du mélange eau + lait, et vous y ajoutez la levure. Laissez reposer quelques minutes.
Pendant ce temps, mélangez le sucre, le sel, la farine. Formez un puits au centre.
Faites fondre le beurre.
Mélangez le tout, puis pétrissez quelques minutes à la main.
Couvrez d’un linge et faites reposer une bonne heure.
Ça vous laissera le temps de regarder cette vidéo, et de vous interroger longuement sur ce que les mecs ont bien pu vouloir faire. Personnellement, j’avoue que je ne suis pas sûre d’avoir bien compris, mais n’hésitez pas à me faire part de vos critiques artistiques.
Voilà voilà. Maintenant que vous avez découvert ce fleuron de la culture germanique, et que vous l’avez partagé à tous vos amis, je pense que ça fait une heure que la pâte a levé.
2. Pochez les bretzels
Tout la spécificité des bretzels repose dans le pochage à l’eau additionnée de bicarbonate, qui permet le moelleux de l’intérieur et ajoute un goût particulier, avant la cuisson finale au four. C’est d’ailleurs le même principe pour les bagels,
Dégazez la pâte, c’est-à-dire appuyez dessus énergiquement avec le poing pour en faire sortir le gaz carbonique produit à la levée.
Divisez-la ensuite en une dizaine de petits pâtons, et roulez-les pour obtenir des boudins asses longs et plus fins aux extrémités qu’au milieu.
Formez des bretzels, comme sur les photos ci-dessous.
Pendant ce temps, faites bouillir 1,5L d’eau avec le bicarbonate et le sel. Préchauffez également votre four à 250°.
Pochez les bretzels un par un dans la solution, jusqu’à ce qu’ils remontent tout seul à la surface de l’eau.
3. Enfournez les bretzels
Disposez-les sur une plaque, et badigeonnez-les de jaune d’œuf battu, éventuellement un peu rallongé à l’eau. Parsemez de fleur de sel, ou, si vous êtes moins délicat, de gros sel. D’ailleurs, demandez-vous si vous arrivez réellement à faire la différence entre les deux, à part pour le prix que ça coûte.
Enfournez pendant 10 à 15 minutes.
Les bretzels se dégustent le jour même, avec une bonne bière ou un verre de vin d’Alsace ! Ou n’importe quoi qui se picole, en fait.
Une brève histoire du bretzel
Le mot bretzel viendrait plus ou moins du latin bracchium qui veut dire bras. En effet, sa forme est censée évoquer des bras entrelacés.
La légende veut qu’un boulanger qui avait mal cuit son pain aurait été sommé d’en produire un meilleur, « au travers duquel le soleil brille trois fois ». Si vous voulez mon avis, rien qu’à ce stade, l’histoire ne veut pas dire grand chose. Par la suite, en voyant sa femme prier pour lui, les bras croisés, il aurait eu l’idée de faire le bretzel en forme de bras, donc, et par les trois trous duquel on peut effectivement voir le soleil, si on regarde dans cette direction. Franchement, c’est une des pires histoires de création de bouffe que j’aie entendue. Autant la tarte Tatin, je veux bien faire semblant d’y croire, mais là cette histoire de bras c’est vraiment du grand n’importe quoi. Bref.
Le bretzel apparaît, en enluminure, dès le Hortus Deliciarum, une encyclopédie chrétienne du XIIème siècle écrite au mont Saint Odile en Alsace. Outre le fait que le lieu est superbe, perché dans les Vosges et avec une vue magnifique jusqu’à Strasbourg, on peut dire que le mont Saint Odile a donc fait avancer la gastronomie internationale, et même la paix dans le monde.
Assez rapidement également, le bretzel devient l’emblème de l’Alsace (avec les cigognes et les mannele) et est représenté un peu partout, notamment bien sûr en enseigne des boulangeries et pâtisseries de la région.
On note enfin, plus récemment, et dans des circonstances qui n’ont pas finies de nous faire poiler, qu’en 2002, George W. Bush, le président des Etats Unis d’Amérique, aka l’homme le plus puissant du monde, a frôlé la mort, étouffé par un bretzel. Une preuve sans faille que derrière ses airs calmes et ordonnés, l’Alsacien est en fait vachement subversif.
Au passage, puisqu’on parle des liens entre la présidence des Etats-Unis et la pâtisserie allemande (ce qui, franchement, n’arrive pas tous les jours) je me permets de revenir sur la fameuse phrase de JFK : « Ich bin ein Berliner« . Considéré comme un des meilleurs discours de JFK, il comporte cependant une petite ambiguïté non dénuée d’intérêt. En effet, le berliner est un genre de beignet fourré à la confiture, pâtisserie austro-allemande très populaire. Le bon JFK a donc plus ou moins dit « je suis un beignet ». Voilà.
On conclura simplement que le bretzel est non seulement une excellente idée d’apéro, mais il est également un fait marquant des manuscrits du Moyen Âge, un symbole régional fort, et un complotiste pas galvaudé.
Sur ce, hopla gaïss , gotferdammi et ponne chournée !
Villes allemandes où éviter les discours démagogiques : Hambourg (hamburger), Francfort (saucisse), Berlin (beignet).
D’autres?
Bonjour Philippe,
C’est un excellent thème d’article, ça… « Villes allemandes dont le nom des habitants est également une spécialité culinaire ».
Faut que j’en parle à Froth.
Bonjour,
Pouvez-vous me dire d’ou est tirée la peinture « jésus, bretzel et ses disciples » car je retrace l’histoire du bretzel et ce document pourrait me donner des informations supplémentaires.
Je vous remercie d’avance
Bonjour Aless,
L’illustration est tirée du Hortus Deliciarum, une sorte d’encyclopédie écrite au Mont Saint Odile par Herrade de Landsberg au XIIème siècle.
Dans quel but travaillez-vous sur l’histoire du bretzel? J’ai hâte de voir le résultat de vos recherches!
Bonne soirée!